Ici, je me pose quelques questions sur l'appréhension de mon raisonnement qui m'apparaît si singulier. Cette singularité est-elle liée à l'autisme? Je n'ai pas de réponse. Je partage avec vous mon ressenti.
Des notions vagues,
Des bouts de mots qui n'ont même pas l'élégance d'être des syllabes,
Des nuages d'impressions,
Des prémisses d'idées qui s'entrechoquent puis s'évaporent,
Des images dansantes se superposent parfois.
Cette voix intérieure au timbre clair, assurée et si différente de ma voix physique dont les cordes peinent à vibrer sous le souffle fluet d'air que j'expire.
C'est le printemps permanent, là-haut.
Là-haut, dans le jardin de mon esprit où les idées éclosent rapidement par bouquets entiers ou secrètement et lentement pour une fleur isolée. Je vise ma cible interne sur l'une de ces beautés colorées et telle une abeille butinant de fleur en fleur, je l'éloigne en quête d'une autre source d'inspiration.
Mon regard intérieur est porté sur ce royaume des idées. Il explore ces paysages parfois merveilleux, souvent terrifiants.
J'abandonne ce corps-cage et navigue sur cette mer des possibles, plongeant dans les abysses de mes taxonomies mentales. Rien ne ressort de cet impassible physique, figé là.
Cette complexité est discrète, secrète, non palpable. Elle est mienne, solitaire, ineffable. Qu'en faire au fond?
Ce temps passé dans ces errances intérieures est-il du temps perdu? Qu'en ressort-il? Tout est à jeter, me semble-t-il.
Le monde réel mérite-t-il davantage d'être exploré?
L'interface entre ces espaces est mon enveloppe corporelle. Elle est hermétique. Son extérieur ne m'atteint pas.
Où est le fruit de ces pérégrinations à travers ce verger virtuel dont les arbres sont de vagues notions qui disparaissent instantanément à mon passage? Mon panier reste vide de sens.
Cette exploration est-elle utile? Sans guide, elle me paraît farfelue, pure folie, effrayante. Pas d'autres traces de pas sur ce sol mouvant, ondulant. Je suis la seule présence humaine. Je suis certaine de n'y croiser aucun autre congénère excepté sous .....
lire la suite sur https://aspipistrelle.wordpress.com #autisme #syndromedasperger #femmeautiste #cultureautiste
Sans diagnostic d’autisme, que serais-je devenue?
A quoi me sert le diagnostic d'autiste Asperger que j'ai reçu à 36 ans? Pourquoi est-il important de se faire diagnostiquer? En guise de réponse, je vais raconter tout ce qui aurait pu se passer sans diagnostic.
Sans diagnostic... Mon couple aurait chaviré ......mon mari se serait rapproché d'une autre personne, plus sociale, moins rigide dans les routines quotidiennes, plus spontanée. Une autre femme. Il aurait tergiversé longtemps car tout de même, au fond de lui, il savait que j'étais une femme bonne, gentille, souriante, enfin...au début de notre relation, quand nous n'étions pas encore parents et que nous étions libres. Il ne saurait plus faire face à mes sautes d'humeur, mon besoin de repli, mes agressions verbales, mes obsessions et mon besoin de le contrôler. Il aurait décidé de me quitter, non sans se battre pour la garde de la petite parce qu'au fond il pense que mes méthodes d'éducation sont atypiques.
Je vivrais d'intenses colères
Sans diagnostic.... ... je n'aurais pas su faire face aux crises de ma fille. Je n'aurais pas su réagir à bon escient. Parfois, je m'effraie à penser que, sans diagnostc, j'aurais pu lever la main sur ma fille tout comme mon père, aspie non diagnostiqué, déchaînait sa colère pour une porte claquée.
Sans diagnostic... Je me serais réfugiée dans des comportements d'addiction pour m' éteindre
Sans diagnostic, j'aurais cherché des moyens de me mettre à l'aise en société, en soirée ou aux repas de famille ou même, juste à la maison avec mon mari et ma fille. Ce moyen aurait sûrement été l'alcool. Cet alcool qui délie les langues, rend plus détendu et facilite la communication. Sauf qu'il aurait fallu de plus en plus chaque jour pour que l'effet persiste. Sauf qu'il aurait fallu de plus en plus d'alcool pour oublier mes souffrances, pour oublier à quel point je suis un échec dans cette société. Sans diagnostic, je serais devenue alcoolique, comme mon père.
Sans diagnostic... J'aurais compromis mes relations avec mes collègues
Sans diagnostic,
Je n'aurais pas compris mon extrême agitation...
La suite à retrouver sur aspipistrelle.wordpress.com #femmeautiste #asperger