A mon autisme, se raccroche un lot d’hypersensibilités. Je vis avec ce corps dont tout est branché à fond. Imaginez-vous avec un casque vissé sur les oreilles déversant en continu une musique à fond, portant des vêtements faits de papier de verre, dotés d’un nez de parfumeur, ayant des pupilles dilatées en permanence laissant pénétrer intensément la lumière. Pour ce qui est du goût, je suis épargnée contrairement à bon nombre d’autistes.
Ce matin, un livre à la main, je me suis sentie particulièrement bien.
Ce matin, un livre à la main, je me suis sentie particulièrement bien, une sensation rare que je n’avais pas ressentie depuis des années. J’étais si bien, si confortable que j’ai levé le nez et commencé à analyser ce qui était en train de se passer. Je me sentais extrêmement bien dans mon corps. Cela m’a inspiré quelques vers sur le moment:
« Ecoute ce silence qui nous entoure,
Seuls les croassements graves des corbeaux
viennent en troubler la ligne sourde.
Mes sens se reposent et se délectent d’une telle douceur. »
Le silence, un luxe inabordable qui m’a jeté dans un bien être instantané.
J’ai alors compris d’où provenait ce bien-être inattendu: le silence du week-end de Pâques. Aucun bruit dans la résidence. Pas de fond sourd provenant du téléviseur des voisins du dessous, pas de pas résonnants au plafond, pas de clinquement de clefs dans les serrures, de claquement de porte d’entrée, de vombrissement de moteur provenant du parking, de sonnerie musicale de téléphone, de consigne parentale à destination des enfants jouant à dévaler les escaliers.
A cela, s’ajoute un léger brouillard qui rend la lumière diffuse et confortable.
Une couverture sur les genoux m’apporte une douce chaleur. La température est parfaite et ma peau s’est endormie au contact familier du tissu doux de mon pyjama.
Mes sens sont en paix. J’en profite pour apprécier ce silence, cette lumière douce qui, inexorablement s’intensifie à mesure que le brouillard se lève. Je sais que ce bonheur simple ne durera pas. En ce week-end de Pâques, je savoure la trève occasionnée par ce pacte de non agression signé entre mon corps et l’environnement.
Si la vie pouvait être plus lente, calme, douce pour les sens. Je pourrais me sentir plus apaisée.
Si la vie pouvait être comme cela plus souvent: lente, calme, douce pour les sens. Je pourrais me sentir apaisée plus souvent. J’envie les gens dont les sens ne sont pas ultra-amplifiés. Savent-ils la chance qu’ils ont?
Cet apaisement des sens me met en joie. Je décide de pousser un cri d’excitation pour briser ce silence qui m’appartient. Je contrôle cette absence de bruit. A nouveau, je lance un » yahaaa » , mes mains en porte-voix cette fois. Je ris de cette douce folie. Aujourd’hui, je suis la maîtresse du niveau sonore. Le son de ma voix sera le seul paramètre à moduler.
En cette heure que je souhaiterai éternelle, je me sens si vivante, si proche du monde. Seule ma voix intérieure se fera entendre en ce jour béni qui me reconcilie à mon corps.
Est-ce que comme bcp d’aspie, tu prends un traitement pour equilibrer tes humeurs ?
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Bonjour Natalie,
Non, je ne prends aucun traitement.
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J’aimerai discuter plus en details avec toi, aspie too et maman de 2 enfants mais pas envie de m’etaler en public…. 😉
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Bonjour Natalie, tu peux me contacter à aspipistrelle@yahoo.fr. Par contre, je réponds quand je peux et il peut facilement passer une bonne semaine avant que je trouve le temps.
Au plaisir de te lire,
Aspipistrelle
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